Chauffage : et si on réchauffait nos corps plutôt que nos maisons ?
La saison de chauffe bat son plein et de nombreux ménages s’inquiètent, à juste titre, de leur facture d’énergie. Cette crainte a déjà eu un effet visible puisqu’en 2022, la consommation de gaz a diminué de près de 20%, confirmant les efforts d’économie d’énergie réalisés par les ménages. L’action la plus notable a été la diminution d’un degré ou deux du thermostat, sachant que chaque degré en moins fait économiser 7% d’énergie en moyenne.
Comment faire pour abaisser la température de nos logements tout en maintenant notre confort thermique ? C’est la question à laquelle se sont attelée un collectif de chercheurs et citoyens pendant 3 ans via le projet SlowHeat.
Petite réflexion : qu’est-ce qui fait que nous sommes capables de boire un verre en terrasse au ski par -2° alors que nous chauffons notre maison ou notre bureau à 21° ? Il ne nous viendrait pas à l’idée de réchauffer l’air de la station pour avoir « bon ». Au contraire, vous allez :
- Vous habiller en conséquence ;
- Mettre une veste ou des gants chauffants si besoin ;
- Faire de l’effort physique ;
- Profiter du soleil pour vous réchauffer ;
- Éventuellement, vous réchauffer dans une pièce chauffée collectivement (un restaurant, un bar).
Paradoxalement, réchauffer l’air, c’est ce que nous faisons dans nos logements. Le slow heating (littéralement chauffage lent), a contrario, est une pratique de confort thermique centrée sur les corps et qui utilise le chauffage de proximité pour pouvoir se passer du chauffage excessif des bâtiments. Le chauffage de proximité permet de décider soi-même quand on a besoin de chauffage, et non plus l’inverse. Si j’ai une sensation de froid, je peux enfiler un pull, m’installer sous une couverture chauffante ou placer un petit radiateur radiant près de moi, plutôt que d’augmenter la température de la pièce de plusieurs degrés.
C’est ce qui permet aux slow heaters de vivre, confortablement, dans un environnement à 16 ou 15 degrés. Le principe est de favoriser les voies les moins énergivores possibles pour répondre à nos besoins, en fonction des contraintes du moment, dont voici quelques clés :
- Le bon sens non énergétique : ne pas consommer de l’énergie. Cela peut se faire en se couvrant, en isolant le bâtiment ou les pièces à chauffer. Mais aussi en favorisant l’activité physique pour ne pas avoir froid ;
- Le chauffage par conduction : tout comme une taque à induction, le chauffage nécessite ici un contact à basse puissance avec le corps. Comme une cape chauffante, une bouillotte ou une sous couverture à placer dans le lit ;
- Le chauffage par radiation : c’est une autre forme de chauffage de proximité de moyenne puissance. Un petit radiateur infrarouge ou radiant qui chauffe les objets et les personnes et pas l’air, comme le soleil en terrasse par une journée d’hiver ;
- Le chauffage par convection. Si les solutions plus haut ne sont pas suffisantes, il vient aider à maintenir une température minimum qui vous convient pour les pièces où vous vous trouvez ;
- Et enfin, celui que l’on va utiliser en dernier recours : le chauffage centralisé du bâtiment entier. Le plus consommateur en énergie.
La notion de chaleur est par nature un débat clivant et la pratique du slow heating n’est en aucun cas une injonction. Elle vise simplement à montrer qu’il est possible, selon les capacités de chacun, de diminuer de manière conséquente sa facture d’énergie, tout en maintenant un mode de vie décent dans le cadre de limites planétaires. Le SlowHeat peut être vu comme une réponse au besoin urgent de diminuer nos émissions de CO2 liées au logement, mais où les solutions de rénovation énergétique sont complexes, longues et coûteuses.
Une belle manière de reprendre en main la pratique millénaire du chauffage.
Source : https://www.slowheat.org/
Podcast : https://auvio.rtbf.be/media/declic-le-tournant-repenser-fondamentalement-le-chauffage-2984294
